Ce dossier est destiné aux amateurs pour lesquels je vais tenter de donner des astuces pour augmenter la qualité des enregistrements. Car les professionnels de la prise de son n'ont pas besoin de moi, et encore moins de mes astuces de type "plan B" pour faire leur métier.
Un amateur ou semi-pro se caractérise généralement par son manque de moyens. Et il faut avouer qu'avec les avancées technologiques, il est possible de faire du travail de qualité sans débourser beaucoup d'argent pour l'achat d'un enregistreur, voire d'un microphone. C'est sur la façon de réaliser les enregistrements que doit se porter l'attention. Il faut réunir de nombreuses et bonnes conditions pour maximiser la qualité de votre projet. Je vais m'efforcer de vous donner des astuces découvertes au fil des années d'expériences en tous genres.
La pollution sonore
Il s'agit du bruit de fond indésirable. C'est peut-être le point le plus important sur lequel il faut travailler. Que vous chantiez avec comme bruit de fond votre machine à laver, que vous enregistriez votre voix-off avec le bruit de la circulation dans le lointain, que vous captiez les bruitages de votre dernière saga MP3 avec les ronronnements de votre chat dans les parages, les pollutions possibles sont bien trop nombreuses. Dans l'euphorie du projet, on n'y fait pas trop attention sur le moment et on s'aperçoit du désastre au moment du montage, après des heures ou des jours de travail...
Comment font les pros ?
Un studio d'enregistrement professionnel est totalement insonorisé. Outre la possibilité d'enregistrer des hurlements sans que les voisins paniquent, en bloquant les bruits qui sortent, l'isolation phonique permet surtout de bloquer les sons qui pourraient venir perturber l'enregistrement. Aucune pollution n'est possible dans un sens comme dans l'autre, dans la limite du raisonnable.
Des astuces pour les amateurs ?
Oui, et heureusement pour nous, il existe de nombreuses astuces. Libre à vous d'en choisir une ou plusieurs, de les tester et de ne pas hésiter à les combiner pour maximiser vos chances de réussite. Je vous conseille d'enregistrer une minute de blanc dans votre lieu d'enregistrement, puis de la réécouter à fort volume pour définir les pollutions dont vous devez vous occuper.
Chasse aux bruits
Cette première étape semble évidente mais cruciale. Il faut partir à la chasse aux bruits autour de vous. Éteignez vos ordinateurs pour éviter les bruits de ventilateurs, cachez vos horloges, fermez vos fenêtres... Ce sont des bruits parfois difficiles à détecter, mais un enregistrement entièrement ponctué d'un tic-tac d'horloge, même extrêmement faible, peut ruiner votre projet.
La nuit
Les chats sont gris, les enfants sont couchés, les petits avions bruyants ne volent plus, les ouvriers ne travaillent plus, les voisins dorment, les sirènes de pompiers sont moins fréquentes ou à volume réduit, la rumeur de la route est moins présente. C'est un cadre idéal, disponible tous les jours que Dieu fait.
L'hiver
Pour éviter les insectes et les oiseaux nocturnes, mais aussi les humains bruyants, et parce que le soleil se couche tôt.
La neige
Dans ma région, les jours de neige dans l'année se comptent sur les doigts d'une main. Pour certains, c'est inespéré, pour d'autres c'est presque permanent. La neige offre un cadre très intéressant. Les bruits extérieurs sont moins intenses : dans les régions peu habituées à cette météo, les gens roulent moins vite, il y a moins de monde, il y a moins de travaux, moins de camions, les oiseaux grelottent en silence, bref, c'est assez bluffant. Moi, comme j'habite à la campagne, le silence est presque parfait. J'en profite généralement pour enregistrer, en extérieur, des sons impossibles à enregistrer en intérieur : klaxons, moteurs, pétards, coups de hache, tronçonneuse, etc.
La réverbération
C'est le retour du son de votre source sonore après avoir rebondi contre les murs de votre lieu d'enregistrement. Que ce soit votre voix, un instrument ou un bruit quelconque, l'onde sonore est enregistrée une première fois par votre micro, rencontre une surface, revient, est ré-enregistrée, puis rencontre un autre mur, puis revient. Si le délai entre le départ et le retour est long vous avez un écho, s'il est court ou multiple, vous avez une réverbération. Cela peut paraître bénin, mais entre un enregistrement pro et amateur, c'est souvent un problème flagrant ; on a l'impression d'être dans une chambre à coucher, voire dans les cabinets de toilette.
Comment font les pros ?
Les pros disposent de studios recouverts d'une surface qui absorbe totalement les réverbérations, du sol au plafond. Ces matières doivent absorber toutes les fréquences pour toutes les puissances sonores. Ce n'est qu'après un enregistrement sans aucune réverbération qu'il est possible d'en rajouter sur ordinateur. Certains professionnels se paient le luxe d'enregistrer dans des lieux dont les réverbérations sont impossibles à reproduire en studio (une grotte ou une église par exemple), mais il est impossible de revenir en arrière.
Des astuces pour les amateurs ?
Évidemment, il en existe quelques-unes.
La neige, encore
Lorsqu'il y a de la neige, les bruits sont étouffés, en plus d'avoir bien moins de pollution sonore. Le son étant moins réverbéré, on dit que le son est mat. Une nouvelle bonne raison pour faire des prises de sons en extérieur.
Les plaques acoustiques
Il s'agit de coller des plaques en mousse sur les surfaces qui produisent des réverbérations. Généralement, l'ajout de telles plaques dans les coins de la pièce et les surfaces faisant face au micro suffit. Mais certaines personnes recouvrent la totalité de la surface des murs et du plafond. Par manque de moyens, il faut étudier un peu l'acoustique de la pièce pour optimiser l'investissement.
Je vous conseille de produire des petits claquements de langue, secs et forts, de détecter les retours et de placer une plaque de mousse sur la surface fautive avec un adhésif repositionnable dans un premier temps. Et ainsi de suite jusqu'à ne plus en avoir.
Les écrans acoustiques
C'est une technique plus simple et moins coûteuse ; on en trouve à moins de 100 euros. Ce sont des écrans qui se placent autour de la source sonore et du micro. Petits pour l'enregistrement d'une voix-off ou une autre petite source sonore, ils peuvent être très grands pour l'enregistrement d'un piano ou d'une batterie.
Les boîtes à œufs
C'est une technique peu coûteuse, mais que je n'ai jamais essayée. Il s'agit de plaquer des boîtes à œufs sur les murs qui produisent des réverbérations de la même façon que les plaques acoustiques. Il faut parfois en empiler plusieurs pour que l'effet soit audible. Mais les boîtes à œufs n'insonoriseront jamais, c'est une idée reçue.
La moquette
C'est une matière idéale pour le sol de votre pièce. Des plaques de moquette peuvent aussi remplacer les plaques acoustiques, les écrans ou les boîtes à œufs.
La cabane de couverture
Oui oui : dans une pièce, fabriquez une petite cabane avec plusieurs couches de couvertures et de couettes, du sol au plafond. L'idée est que le son ne rencontre pas de surface réverbérante, mais plutôt absorbante. Ok, ce n'est pas très joli, mais c'est efficace !
La captation
Il s'agit de profiter un maximum des capacités de votre matériel de captation, le microphone, même s'il vous semble très limité.
Comment font les pros ?
Les professionnels disposent d'un très grand nombre de micros. Le choix et la position de celui-ci vont parfois de soi. Mais souvent il est nécessaire de faire des essais avant l'enregistrement final. Souvent, les essais ont déjà été faits par le passé, c'est donc l'expérience qui parle.
Des astuces pour les amateurs ?
Vous n'avez peut-être qu'un seul microphone, mais vous n'êtes pas limité pour autant...
Vous désirez enregistrer un sifflet, dans votre jardin peuplé d'oiseaux bruyants ? Optez pour un micro directionnel, voire hyper cardioïde. Seul le son venant de devant sera enregistré. Qu'il soit directionnel ou non, dirigez-le vers un endroit peu bruyant, par exemple vers le ciel ou le sol, légèrement incliné pour éviter la réverbération.