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Le blog

Pierre Henry, le Larsen comme matière sonore

Il existe une version anglophone de cette page.

Pierre Henry, figure emblématique de la musique concrète, a toujours repoussé les frontières du son. Avec sa "Deuxième symphonie-scherzo 5" de 1972, il s'est aventuré dans un territoire sonore inexploré en utilisant exclusivement des sons Larsen. Composée pour 16 pistes et 16 groupes de haut-parleurs, cette œuvre monumentale est un chef-d'œuvre de manipulation acoustique, où la distorsion devient matière première.

Le Larsen, un son qui s'auto-entretient

Le Larsen, souvent redouté en concert pour son effet strident et incontrôlé, devient ici une source d'exploration sonore. Dans une chambre sourde, où aucun écho ne vient perturber l’espace acoustique, Henry a enregistré les sons sur plusieurs jours, créant des boucles sonores fermées, des "miroirs de sons". Le principe du Larsen est simple : un microphone capte le son d’un haut-parleur auquel il est connecté, créant une boucle où le son se nourrit de lui-même. Mais sous la maîtrise minutieuse de Pierre Henry, ce processus devient un terrain fertile pour des expérimentations infinies.

Comme le décrit Henry, il passait des heures, immobile, à tenir un microphone, juste assez pour que le moindre mouvement – un léger tremblement ou une inclinaison subtile – modifie la vibration du son dans la pièce. Ce processus méticuleux a permis la naissance de cette musique du geste, où l'équilibre entre le corps et l'instrument est essentiel. Henry devait littéralement "chercher" le son, avec la concentration d'un acrobate, tendant son microphone pour capter l'endroit exact où les ondes se produisaient.

Une composition en quatre mouvements

La symphonie est structurée en quatre mouvements distincts :

Pour en écouter un extrait, rendez-vous sur cette page >

Ces mouvements varient non seulement en durée mais aussi en intensité, créant une dynamique organique où les pulsations du Larsen évoluent, se déforment, et se transforment sous les manipulations calculées de Henry.

Enregistrement dans une chambre sourde

L'enregistrement s'est déroulé du 25 au 27 février 1972 dans la plus grande chambre sourde d'Europe, située à l'usine Cabasse à Brest. Cette chambre offrait un espace idéal pour isoler et manipuler les sons Larsen, loin de toute interférence extérieure. Avec des bandes magnétiques en support, chaque variation sonore était enregistrée à une fréquence de 38 cm/s sur 16 pistes, permettant une superposition complexe de couches sonores.

Une symphonie unique en son genre

Pierre Henry a fait de ce qui est généralement perçu comme un effet sonore perturbant, un langage musical à part entière. Les sons Larsen, loin d’être chaotiques, se révèlent ici comme une matière à sculpter, vivante et malléable. C’est une musique qui interroge notre rapport à l’espace acoustique, à la fois intime et profondément expérimental.

La "Deuxième symphonie-scherzo 5" est bien plus qu’une composition électronique ; c’est une immersion dans un univers sonore où l’équilibre physique du corps du musicien influe directement sur la création de la musique. Une exploration inédite du rapport entre geste et son.

Alors, cette utilisation radicale du Larsen vous inspire-t-elle des réflexions sur la façon dont le bruit peut devenir musique ?

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22/10/2024

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