Pando, ce gigantesque peuplier faux-tremble situé dans l'Utah, est considéré comme l'un des plus grands et anciens organismes vivants sur Terre. S'étendant sur plus de 43 hectares, il regroupe près de 47 000 tiges issues d’un même système racinaire. Mais récemment, Pando a révélé un autre aspect fascinant : ses sons, étudiés par des bioacousticiens qui cherchent à mieux comprendre son état de santé et les phénomènes qui se déroulent sous terre.
Les sons de Pando : un projet inédit
En 2023, des chercheurs, dont le bioacousticien Jeff Rice, ont entrepris un projet innovant visant à enregistrer les sons émis par Pando. Armés de micros spécialisés tels que des hydrophones (généralement utilisés sous l'eau), ils ont capté non seulement le bruissement des feuilles et les animaux qui peuplent cet écosystème, mais aussi des sons inédits provenant des racines et du sol. Parmi ces sons, on retrouve des grondements sourds et des vibrations qui révèlent l’activité souterraine du système racinaire.
Ces enregistrements ne sont pas uniquement esthétiques : ils permettent aux scientifiques d'étudier la structure interne de cet organisme et de surveiller des facteurs comme le flux d'eau, l’état des racines, et même d’éventuelles menaces telles que les maladies. Ces analyses acoustiques fournissent une méthode non invasive pour comprendre la "santé" de Pando et pourraient potentiellement aider à le préserver.
L’interconnexion à travers le son
Une des découvertes majeures a été de démontrer comment les sons pouvaient se propager à travers les racines de Pando. Lors de leurs recherches, les scientifiques ont frappé une branche à une centaine de mètres d’un capteur acoustique enfoui près des racines, et ils ont clairement entendu la résonance de cette frappe. Cela prouve l’interconnexion physique et acoustique à travers tout le système racinaire, renforçant l'idée que Pando agit comme un unique organisme géant.
Vers une nouvelle approche scientifique
Ce projet, débuté comme une exploration artistique, ouvre des perspectives scientifiques fascinantes. En plus de documenter la faune locale à travers les sons captés dans et autour de Pando, ces recherches bioacoustiques pourraient aider à mieux comprendre les interactions entre l’arbre et son environnement. Il est même envisagé d’utiliser des sons ultrasoniques pour repousser les cervidés qui, en broutant les jeunes pousses de Pando, freinent son régénération.
Pando, ce géant silencieux en apparence, commence à raconter son histoire à travers ses sons. Cette nouvelle dimension sonore pourrait bien devenir une clé pour assurer sa survie pour les générations futures.
Conclusion
Avez-vous déjà pensé à ce que pouvait "dire" un arbre aussi vieux et vaste que Pando ? Quels autres mystères acoustiques pourraient se cacher dans la nature ?