Les bruits de Korotkoff
Il existe une version anglophone de cette page.
Les bruits de Korotkoff, c’est un peu comme découvrir une mélodie secrète du corps humain, une partition jouée par le flux sanguin qu’on ne peut entendre qu’avec les bons instruments : un tensiomètre et un stéthoscope, posés délicatement sur l’artère brachiale. C’est Nikolaï Korotkov, un médecin russe, qui a révélé ces sons au monde en 1905, comme un chef d’orchestre dévoilant une nouvelle symphonie à l’Académie Médicale Impériale de Saint-Pétersbourg.
Une Symphonie Unique
Imaginez un silence parfait. Pas un bruit. C’est ce que vous entendez normalement si vous placez un stéthoscope sur une artère sans problème. Le sang coule tranquillement, sans aucune perturbation, comme une rivière calme. Mais dès que vous commencez à gonfler le brassard du tensiomètre, vous créez une tension, une sorte de suspense sonore. Lorsque la pression dans le brassard dépasse celle du cœur, le sang ne peut plus circuler, et le silence règne en maître.
Puis, à mesure que la pression du brassard diminue, le premier acte de la symphonie commence. Le premier bruit de Korotkoff fait son apparition : un claquement clair, puissant, signe que le sang a réussi à forcer un passage à travers l’artère comprimée. C’est la naissance du son, le début d’une série de notes qui racontent une histoire invisible.
Les Cinq Actes des Bruits de Korotkoff
Korotkoff a découvert que cette symphonie du corps se déroule en cinq actes, chacun avec sa propre couleur sonore :
- Premier acte : le claquement net. Ce bruit marque la pression systolique, le moment où le cœur bat avec assez de force pour faire circuler le sang à travers l’artère partiellement comprimée. C’est comme le coup d’envoi d’un concert.
- Deuxième acte : le murmure doux. Entre la pression systolique et diastolique, le son devient plus doux, un murmure continu, presque apaisant, qui suit la vague du flux sanguin.
- Troisième acte : le bruit intense. Ici, on perçoit une brève montée en intensité, un son plus fort, plus marqué, comme une note haute qui retentit brièvement avant de retomber.
- Quatrième acte : le son sourd et doux. À ce stade, on est proche de la fin de la symphonie. Le son devient plus sourd, plus feutré, presque nostalgique, signalant que la pression du brassard se rapproche de la pression diastolique.
- Cinquième acte : le silence. Enfin, le calme revient. La pression du brassard est désormais égale à la pression diastolique, et le sang circule de nouveau en silence, fluide et harmonieux.
Les deuxièmes et troisièmes actes n’ont pas de rôle clinique majeur, mais ils ajoutent une texture sonore fascinante à l’ensemble, comme des notes subtiles dans une composition musicale.
La Magie des Sons du Corps
Pour un amateur de sons, les bruits de Korotkoff sont une découverte incroyable, une preuve que notre corps est une véritable symphonie en perpétuel mouvement. Chaque battement de cœur, chaque flux de sang est une note dans une mélodie qui joue sans interruption, une musique intérieure que peu ont la chance d’écouter. Et c’est là tout le charme des bruits de Korotkoff : ils nous rappellent que même dans le silence apparent, il y a toujours une musique qui se joue, juste sous la surface.
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♥ - Joseph SARDIN - Fondateur et Sonothécaire de BigSoundBank.com et LaSonotheque.org - Contact
11/09/2024